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Jusqu'au début des années soixante-dix, les immigrés musulmans d’origine maghrébine et surtout
algérienne en France, turque en Allemagne et indo-pakistanaise en Grande -Bretagne, se
trouvaient en Europe à titre de travailleurs individuels.
Cette main-d’œuvre non qualifiée occupait en France des emplois notamment dans les usines
automobiles, le bâtiment et les mines. Leurs pratiques religieuses restaient plus ou mois
occultées, si ce n’est qu’il disposaient, dans les usines Renault, de salles de prière pour y faire
leurs dévotions.
Les innovations techniques dont la robotisation en industrie automobile, la fermeture des mines et
la crise du bâtiment, ont réduit le gros de cette population au chômage. Désormais, ils ne sont
plus défendus, ni par les syndicats, ni par les partis politiques et encore moins par leurs pays
d’origine. C’est ainsi que les autorités algériennes ont promptement passé un accord avec le
gouvernement français en vue d’un rapatriement global, moyennant le versement d’indemnités à
l’Algérie.
Dans ce contexte de crise économique, la perte d’identité ouvrière et la politique de regroupement
familial marquent l’émergence d’une plus grande visibilité religieuse qui, dorénavant, va poser
avec acuité le problème du statut de l’islam minoritaire en Europe.
Le regroupement familial
S’imposant au nom des droits de l’homme dès 1973 en France, le regroupement familial va se
généraliser dans plusieurs pays de l’Ancien Continent. Il va en résulter un accroissement sensible
du monde migratoire musulman avec l’arrivée des épouses et des enfants. Dès lors, leur nombre
atteint , selon les sources, entre 3 et 4 millions en France, 2,5 millions de Turcs en Allemagne et
autant d’Indo-Pakistanais en Grande-Bretagne. Enfin, ils sont près de 250 à 500 mille dans des
pays comme la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Grèce et l’Italie ; soit au total, une
population de 10 millions d’adeptes de l’islam.
L’islam minoritaire en Europe
Deuxième religion en France ainsi qu’en Grande -Bretagne et troisième en Allemagne, le statut de
l’islam reste, toutefois, à définir dans ces pays.
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Cela s’impose d’autant plus que les pratiques religieuses se font plus ostentatoires, tant au plan
vestimentaire que sous forme d’une plus grande fréquentation des lieux de culte,le nombre de ces
derniers s’étant sensiblement accru. Le problème actuel est celui de la condition minoritaire de
ces immigrés et de leur installation pérenne en pays à majorité chrétienne, situation, jusque -là,
inhabituelle pour les uns comme pour les autres.
Le cas de la France
Depuis la loi de 1981 sur les associations d’étrangers, il existe en France une multitude
d’associations ou de fédérations musulmanes dont chacune prétend à la représentation exclusive
de l’islam dans ce pays. C’est quasiment en vain que les pouvoirs publics s’efforcent d’y trouver
un interlocuteur suffisamment représentatif, censé être un relais efficace quant à la diffusion et à
l’application des lois républicaines. A défaut de mieux, les autorités françaises ont dû signer la
Charte du Culte Musulman avec la Mosquée de Paris d’obédience algérienne, démarche vivement
contestée par les autres fédérations qui y voient la mainmise de l’Algérie sur l’islam français. Les
difficultés qu’éprouvent ce dernier en ce qui concerne sa gestion en pays d’accueil proviennent
de ce qu’il n’a pas été partie prenante aux différents pactes passés antérieurement entre les églises
et les Etats d’Europe. Ce type de rapports varie selon les pays européens.
En Allemagne, s’est instauré, à l’issue de guerres sanglantes entre catholiques et protestants, le
modèle d’Augsbourg, au 17èmesiècle, supplanté ultérieurement par le système napoléonien ou
concordataire, appliqué également à l’Alsace-Lorraine. Celui de la France à la laïcité spécifique
date de 1901et 1905.
Contrairement à la Grande-Bretagne et certains pays nordiques où les immigrés se sont constitués
en communautés religieuses officiellement reconnues, la France ne reconnaît que l’individu à
l’exclusion de toute représentation communautaire.
Certes, les musulmans de l’Hexagone comme ceux d’ailleurs aspirent légitimement à se voir
appliquer une égalité de traitement à l’instar des autres minorités religieuses protestante ou juive
(cette dernière étant régie par le Consistoire israélite, d’origine napoléonienne).Toutefois, ce
souhait achoppe, entre autres, sur leur diversité ethnico-linguistique et géographique, entravant la
constitution d’une structure homogène, suffisamment représentative.
C’est pourquoi, la France recourt, directement, en cas de crise, aux gouvernements algérien ou
marocain. C’est ainsi qu’elle a sollicité, dernièrement l’intervention du roi du Maroc, eu égard au
port du foulard islamique par certaines élèves marocaines en milieu scolaire. Par ailleurs, les
autorités françaises ont permis, sur leur territoire, la construction de mosquées, financée par
l’Algérie, le Maroc et l’Arabie Saoudite et ce, par le biais de la Ligue mondiale islamique.
L’Allemagne, de son côté, gère sa diaspora turque de gouvernement à gouvernement en tant
qu’affaire de politique étrangère.
Le droit de regard, consenti aux pays d’origine sur le vécu de leurs ressortissants respectifs, met à
même les premiers de contrôler de près, ce qui se passe chez les seconds et de les influencer. En
effet, l’acculturation, ne serait-ce que partielle, des jeunes générations issues de l’immigration
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aux normes et valeurs de l’Occident inspirent des craintes quant à ses répercussions possibles sur
les systèmes politiques mis en place en pays originaire.
Il est vrai qu’à l’opposé, certains mouvements islamiques radicaux mettent à profit la liberté dont
ils jouissent en Europe à des fins subversives, militant en vue de l’avènement à terme d’un
régime théocratique dans leurs pays.
A l’inverse de la République fédérale et de la G.B., la France cherche à faciliter l’intégration de
ses immigrés par voie de naturalisations et par l’attribution de la carte de séjour de dix ans.
D’ores et déjà, la France compte parmi ses nationaux près de deux millions de Français
musulmans. Par ailleurs, certaines autorités locales à travers le pays tentent de satisfaire aux
besoins cultuels de ces derniers. C’est le cas notamment des municipalités de Lyon et de
Strasbourg. L’une et l’autre ont contribué, chacune en ce qui la concerne, à la construction d’une
grande mosquée dans sa ville. En revanche, le pouvoir central se montre fort réticent, s’agissant
de ce type de réalisations.
Le voile à l’école républicaine
Perçu par certains comme une atteinte à la laïcité républicaine, le port du voile par des jeunes
collégiennes ou lycéennes musulmanes a suscité des débats et des controverses passionnés.
L’exclusion de quelques adolescentes voilées, tantôt approuvée par les uns tantôt désapprouvée
par les autres ,n’a pas résolu pour autant le problème.
Toujours est- il que les représentants des trois principales religions l’ont, d’un commun accord,
condamnée. Et les défenseurs de la laïcité d’y v une ingérence intolérable du religieux dans
oir
l’espace public. D’ailleurs, le Cardinal Lustiger s’est, à cette occasion, prononcé pour une
révision des rapports entre le religieux et le politique. Soutenant fermement le port du voile à
l’école, la Fédération nationale des musulmans de France, coiffé par l’un des 60 mille Français
convertis à l’islam, en a saisi le Conseil d’Etat. Celui-ci, à l’évidence, n’a pas tranché dans un
sens
favorable
aux
exclusions.
Certes, le Ministre de l’Education nationale d’a lors, M. Bayrou avait émis une circulaire laissant
toute latitude aux chefs d’établissement de trancher en la matière . Il n’en demeure pas moins que
la France, dans ce domaine, encourt une condamnation par la Cour européenne de justice. En
effet, les autres membres de l’Union ne partage pas la conception de la laïcité à la française et
jugent sans intérêt, un tel débat. Plus que tout, l’Hexagone redoute une éventuelle dilution de sa
conception laïque dans le cadre de l’identité européenne en gestation et p voie de conséquence
ar
une remise en cause, sur son territoire, des rapports entre espace privé et espace public.
Les immigrés turcs en Allemagne
En République fédérale, vivent, actuellement, deux millions et demi de musulmans dont 89%
sont de nationalité turque. Contrairement à la politique française en matière de naturalisations,
l’accès à la nationalité allemande reste particulièrement difficile pour les immigrés en Allemagne.
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Celle-ci est ,en effet basée sur le " jus sanguinis " et "l’Etat-Nation " et trouve sa source dans
l’histoire du Reich.
Toutefois, une nouvelle loi, votée en 1990 et appliquée l’année suivante, permet de naturaliser
plus facilement les jeunes nés dans ce pays, de parents étrangers à condition qu’ils y aient
séjourné au moins pendant huit ans et fréquenté l’école quatre ans.
Les contrats de travail conditionnant le séjour des immigrés en Allemagne favorisent peu leur
participation à la vie collective et les confinent dans l’activité économique. Pour ce qui est de leur
gestion, les pouvoirs publics allemands traitent directement avec la D.I.T.I.B., comité de direction
pour les affaires religieuses, qui est un organisme turc, laïque et kémaliste. Celui-ci représente
officiellement la Turquie à l’étranger, notamment en Allemagne.
Les relations entre ces deux pays sont différentes de celles existant entre l’Algérie et la France,
lesquelles restent grevées par les séquelles toujours vivantes, inhérentes à la guerre de
décolonisation. En outre, la diaspora turque est mieux structurée et son pays d’accueil jouit,
auprès d’elle, de préjugés favorables. De plus, l’Allemagne s’est montrée, dernièrement,
favorable à l’adhésion de la Turquie à la Communauté européenne. Enfin, d’autres facteurs
favorisent cette entente entre les deux peuples à savoir, d’une part, l’affiliation de ce dernier pays
à l’O.T.A.N. et le fait que les élites turques, imprégnées de kémalisme, se considèrent, volontiers,
comme étant européennes.
Il convient de se rappeler, également, que l’Empire ottoman a légué à l’Europe, dans les Balkans,
des pays à majorité musulmane tels que l’Albanie, le Kosovo ainsi que des minorités importantes
dans d’autres pays avoisinants.
L’islam turc en Allemagne compte un certain nombre d’associations religieuses ou ethnico-
religieuses dont : l’A.M.G.T., les Suleymanli et les Chiites. La première d’entre elles refuse les
structures laïques de la Turquie kémaliste et regroupe en son sein la majorité des jeunes Turcs nés
en République fédérale.
Cette même organisation met l’accent sur la conduite islamique, l’intelligence et les études. Ses
membres, essentiellement d’origine rurale, vivent au plus bas de l’échelle sociale et considèrent
leur pays d’accueil comme étant une terre de mission. Aussi, n’y décourage-t-on pas les contacts
avec les non musulmans.
L’instruction religieuse de ses jeunes éléments est telle qu’elle dépasse nettement celle de leurs
parents, somme toute rudimentaire, d’où une inversion de l’autorité parentale au sein de la
famille.
Les pays de résidence se voient conférer par les immigrés musulmans soit le statut de " dar-al-
islam " soit celui de " dar-al-harb ".Dans le premier cas, on est censé appliquer les lois islamiques
comme en terre d’islam, dans le second, il s’agit d’adapter ses règles de comportement à la vie
quotidienne du milieu environnant. Bien que ce débat remonte aux débuts de l’islam, il est, sans
cesse, réactualisé en raison de son importance dans la vie de tous les jours des musulmans
pratiquants en diaspora.
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Dans la majeure partie de l’Allemagne, l’enseignement religieux est obligatoire. Il est assuré par
des maîtres, agréés par les Eglises et rémunérés par les pouvoirs publics ou Länder. Ces derniers,
organisent également des cours d’instruction religieuse musulmane dont les programmes sont
proposés par l’Université islamique du Caire et les enseignants, envoyés par le gouvernement
turc. L’étude de la civilisation islamique, quant à elle, est intégrée dans les programmes
d’histoire.
En République fédérale, la religion est mentionnée sur la carte d’identité et les différents cultes
reconnus par la législation reçoivent des fonds, prélevés sur les impôts généraux, représentant
près de 8 à 10% de l’impôt sur le revenu en Allemagne. Toutefois, l’islam, dernier venu n’en
bénéficie pas encore. Par ailleurs, les Länder, en charge de l’éducation, de la politique sociale et
de l’ordre public pourvoient aux besoins des musulmans au plan socio-culturel.
L’islam en Grande-Bretagne
Les immigrés installés en Grande -Bretagne sont originaires, en majeure partie, des pays de l’ex-
Empire britannique. Contrairement à d’autres pays européens, l’Angleterre n’a pas fait appel à
une main-d’œuvre étrangère du fait de la faiblesse relative de son économie.
Provenant essentiellement du Pakistan et de l’Inde, les musulmans au nombre de deux millions
environ constituent, de par leur nombre, la deuxième religion de ce pays. A l’inverse de la France
excluant tout particularisme, la Grande -Bretagne, en matière de politique immigrée, se rapproche
du modèle des démocraties sociales du Nord telles que la Suède et la Hollande. Ces dernières
favorisent grandement la participation active des étrangers à la politique locale, y compris l’usage
de leurs langues dans le cadre de l’apprentissage scolaire.
Concédant des facilités non négligeables au communautarisme, les autorités locales britanniques,
ou Boards, vont jusqu’à dispenser, sur intervention des organisations musulmanes, les filles de
cette confession, d’assister aux séances de natation et de gymnastique en général. La même
dispense vaut pour l s cours de biologie et d’expression artistique. C’est le cas notamment, entre
e
autres de la municipalité de Birmingham. C’est ainsi que le contenu des programmes scolaires, le
respect de la viande " halal " (ou abattage rituel en islam) au réfectoire ainsi que l’adoption d’une
tenue vestimentaire conforme aux prescriptions de cette religion, ont été favorablement négociés
avec les différents représentants de la communauté musulmane en Grande -Bretagne.
S’inspirant en cela des lois antidiscriminatoires des E
tats-Unis, les britanniques ont adopté une
législation protectrice des minorités contre le racisme ainsi que de nombreux projets d’ordre
social et culturel en faveur des ethnies présentes sur leur territoire.
Bien que placée sous les auspices de la Reine d’Angleterre, l’Eglise anglicane reste distincte du
politique.
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De par leur action caritative et leur meilleure connaissance de l’islam, les Eglises d’Europe sont
appelées, en cas de crise, à servir d’instance médiatrice dans les rapports entre les pouvoirs
politiques et les immigrés. Il n’en demeure pas moins que, dans tout l’espace européen, la
maîtrise de la langue du pays de résidence ainsi que l’acculturation aux normes et valeurs de
celui-ci, constituent, malgré tout, des atouts majeurs pour tout candidat à l’intégration.
Réponses aux questions de la salle
Les pays d’Europe face à l’islam
Certains pays européens, dont la France, ont eu parfois une réaction de panique face à l’arrivée en
grand nombre de musulmans immigrés. En effet, l’évolution de l’opinion française en faveur de
l’indépendance d’Algérie a été la conséquence directe du refus, par la droite française de
l’époque, d’intégrer les élites algériennes. En outre, l’opposition de la France à l’entrée massive,
sur son territoire, de population de culture islamique a entraîné le massacre d’un grand nombre de
Harkis (soldats algériens dans l’armée française) dans leur pays. Fort heureusement, une partie
d’officiers et d’administratifs français les ont pris sous leur protection en les installant,
partiellement, dans des camps. Par ailleurs, le Mouvement islamique mondial aspire vivement à
jouer le rôle de protecteur des minorités musulmanes dans le monde comme l’avait fait au,
XVIIème siècle, Louis XIV pour les minorités chrétiennes d’Orient. Or, la concrétisation d’un tel
souhait semble inadmissible, de nos jours, aux yeux des Européens. La Belgique, en ce qui la
concerne, a, récemment, pris une initiative intéressante : la reconnaissance collective de l’islam
belge sous forme d’une fédération représentative élue à l’issue d’un colloque.
Islam et adolescence en pays d’accueil
L’attitude de jeunes musulmans, semblable, en cela, à leurs pairs de culture non-islamique, passe
par une gamme d’attitudes allant du rejet à l’engagement le plus fervent. Cela passe, selon une
étude sociologique réalisée sur le terrain en Europe, par le banditisme, des hold-up et d’autres
formes de violence avant la prise en charge des délinquants par des mouvements intégristes à leur
sortir de prison, haut lieu de réislamisation. Pour y remédier, il faudra résorber le chômage des
jeunes dont le nombre atteint des proportions de l’ordre de 50 à 70% en certains lieux de
concentration de population musulmane. L’adhésion dans de telles conditions à un islam aux
pratiques fortes en tant qu’identité religieuse constitue une sorte de lutte contre la drogue, la
tentation de la violence et l’abandon. Il convient de souligner, en outre, que la récupération de ces
adolescents en difficulté s’opère, également, par le biais de groupes associatifs.
Il va sans dire que le coût social de l’échec scolaire, débouchant sur le chômage, est lourd de
conséquences. Toutefois, une nuance s’impose en la matière, à savoir que les filles utilisent
mieux les mécanismes scolaires et la promotion sociale par d’autres modes de fonctionnement
des sociétés.
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Il s’avère d’après l’ouvrage de Gaspard et Khosrokhavar que la stratégie du voile chez ces
dernières correspond à celle d’une mobilité sociale. En effet, cela leur confère, tout en étant en
conformité avec les valeurs de la famille d’origine, une autonomie individuelle par le travail.
Cette tendance est beaucoup plus prononcée en Allemagne où les femmes, bien que portant des
vêtements longs, s’initient aux sports de combat tels que le karaté. Elles y adoptent un
comportement rejoignant le discours féministe allemand. Il n’en demeure pas moins, que le voile
marginalise celles qui le portent par rapport à la société d’accueil.
Quant à la discipline en milieu scolaire, elle est traitée différemment Outre-Manche qu’en France.
C’est ainsi qu’à Manchester, par exemple, la discipline est assurée à l’intérieur du groupe. En
Allemagne, l’opinion publique trouve aberrant que l’affaire du voile ait fait l’objet d’une
circulaire ministérielle tout en mobilisant les hautes autorités de l’Etat. Il est vrai, en revanche,
que le refus de la Charte scolaire, sous forme d’absence systématique aux cours de gymnastique,
de natation ou à ceux de biologie, pose un sérieux problème. Il convient, en pareilles
circonstances, d’en dialoguer avec la famille et la collectivité. D’aucuns pensent que le port du
voile ou de la croix à l’école devrait être permis à condition que cela ne soit pas accompagné de
prosélytisme.
L’islam et l’école privée ou confessionnelle
Contrairement à d’autres confessions, il n’existe pas d’école musulmane en France. D’une part,
l’administration n’y est pas favorable et d’autre part, les parents, dans un réflexe d’intégration,
préfèrent, tout compte fait, mettre leurs enfants à l’école publique. D’ailleurs, sans l’aide
financière de l’Etat, cela impliquerait pour les parents un investissement auquel ils ne sauraient
faire face, eu égard à l’insuffisance de leurs moyens. En Allemagne, par contre, les Turcs ont
constitué, grâce à leur réussite sociale, un réseau d’écoles musulmanes, dans lesquelles
l’enseignement des matières religieuses occupe une place prépondérante. Il est à noter que des
écoles catholiques dans le XXème arrondissement accueillent des enfants musulmans, de même
qu’il existe des écoles privées mixtes. En principe, un grand nombre d’écoles privées en France
sont conventionnées et contrôlées par l’Etat. Mais, de l’avis du recteur, cela ne va pas sans poser
de problèmes, quant à la mixité et à l’admission en leur sein d’élèves appartenant à d’autres
religions. Après tout, c’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités en termes d’inspection et de
régulation du système scolaire ; et s’il ne le fait pas toujours, c’est qu’il y a défaillance de sa part.
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